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Embarquement

Et sinon tu fais quoi dans la vie?

« Je suis savonnière. »

« … »

Je tenais à ce que cet article soit le premier.

Il explique très bien ce qui amène la plupart des savonniers – à froid (je précise)- à vouloir créer, informer, transmettre leur passion au monde entier.

Je remercie Michel Pobeda pour m’avoir autorisé à emprunter ses mots.

J’en profite aussi pour saluer et remercier les adhérents de l’association ADNS (l’Association Des Nouveaux Savonniers. qui s’entraident et se battent pour qu’enfin le savon intégral soit reconnu!!

Enfin, merci à Laura pour son apprentissage et tous ceux qui me soutiennent dans ce projet au quotidien.

Allez on envoie de l’info….

Le Savon

Définition :

Le savon est le produit d’une réaction entre une base (soude ou potasse) et un corps gras. La réaction produit deux autres corps : le savon et sa glycérine. Le savon vendu depuis plusieurs décénnies (sauf le vrai savon de Marseille), ne mérite plus cette appellation, car il est reconstitué à partir de particules (bondillons ou copeaux de savons) déglycérinés.

Le vrai savon :

De par sa compostion (eau + graisse) très proche de celle de l’épiderme et sans prendre en compte sa fréquence d’utilisation, le savon a une relation très intime et une action importante sur la peau. Qu’est-ce que le savon ? La formule est simple : huile + soude = savon + glycérine. C’est la création de glycérine pendant la saponification (réaction du mélange eau + graisse + soude) qui confère au savon ses propriétés hydratantes et qui en font un véritable produit de soin. Par contre, ce procédé n’est pas industrialisable et les vrais savonniers (ceux qui saponifient) sont moins d’une dizaine en France. L’opération dure une heure et il faut acquérir un bon tour de main. Alchimiste? non, plutôt cuisinier… Alors, que diriez-vous d’un boucher vous vantant son entrecôte « à la viande » ? Et pourtant on achète des savons « à la glycérine » et plus personne n’est là pour relever le pléonasme. La vérité est compliquée : ce savon a été déglycériné par réalité économique puis reglycériné pour faire joli sur l’étiquette. Compliqué, mais économiquement logique. Pour l’histoire, il faut remonter à la fin de la Monarchie, un monopôle se crée à Marseille avec une fabrication qui devient industrielle. Leblanc découvre le moyen de fabriquer de la soude industrielle et le procédé va devenir un des piliers de la Révolution industrielle. On peut ainsi faire du savon dans des cuves de 20 tonnes, l’opération dure une semaine et la glycérine passe dans l’eau. On sait ensuite la séparer de l’eau et la vendre à part. Trois cents ans après, ce sont de grosses usines en Malaisie qui par des procédés bien améliorés produisent ce savon déglycériné et vendent cent fois plus cher la glycérine aux laboratoires de pharmacie… et éventuellement un peu à des savonniers bien avisés, qui ne sachant plus saponifier mais conscients de l’importance de cet « ingrédient », en ajoutent sur le savon « reconstitué » pour avoir le droit de l’inscrire sur l’étiquette. Les procédés de fabrication ont été oubliés et les savonniers ne saponifient plus. On utilise des bondillons, savon en paillettes incolores, inodores, arrivant par container. Le savonnier français reconstitue son savon dans la couleur qui vous convient, avec l’odeur qui vous convient, sous la forme qui vous convient. Il peut d’ailleurs être « bio », artisanal (on malaxe à tous les étages), 100% végétal (l’huile de palme ou de coprah vient encore d’un arbre non synthétique). Par définition, le savon ainsi obtenu est agressif puisque séparé de sa glycérine protectrice. Conscient de son action décapante, certains fabricants qui ont certes « oubliés » les méthodes de fabrication traditionnelle mais ont cependant une conscience professionnelle ont trouvés la solution : le savon étant agressif, il faut faire du savon sans savon… après avoir enlevé la glycérine, on supprime le savon, et voilà un nouveau slogan qui fait la fortune de nouvelles industries. Le savon est un tensioactif (composé qui modifie la tension superficielle entre deux surfaces, qui permet au savon de laver) il faut donc, une fois qu’il est éliminé lui trouver un remplaçant afin que le savon sans savon garde son pouvoir lavant. Par chance les dérivés du pétrole proposent aujourd’hui une large gamme de tensioactifs que l’on peut retrouver dans nos savons, shampooings, crèmes, laits etc… Le savon est donc devenu un produit décapant et agrèssif, on ne dit d’ailleurs plus « maitres savonniers » et bien que les petites histoires et anecdotes soient différentes, le constat est identique pour tous les cosmétiques, savons, crèmes et autres : une formule unique : beaucoup d’eau, un peu de tensioactif, une goutte de colorant et de parfum. Les principes actifs ont été relégués en dernière place dans les formules et en première place sur l’étiquette, il ne reste d’ailleurs plus que l’emballage qui change… parce qu’on le veut bien…

Michel Pobeda